Histoire de la photographie

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Nicéphore Niépce et Daguerre

Le premier procédé photographique ou héliographie a été inventé par Nicéphore Niépce vers 1824. Les images étaient obtenues avec du bitume de Judée étendu sur une plaque d’argent, après un temps de pose de plusieurs jours.
En 1829, Niépce associa à ses recherches, Louis Jacques Mandé Daguerre.
En 1832, ils mirent au point, à partir du résidu de la distillation de l’essence de lavande, un second procédé produisant des images en une journée de temps de pose.

Portrait de Hippolyte Bayard, 1801-1887
Hippolyte Bayard, 1801-1887

Niépce mort en 1833, Daguerre continua seul les travaux et inventa, en 1838, le daguerréotype, premier procédé comportant une étape de développement. Une plaque d’argent recouverte d’une fine couche d’iodure d’argent était exposée dans la chambre obscure puis soumise à des vapeurs de mercure qui provoquaient l’apparition de l’image latente invisible formée au cours de l’exposition à la lumière.
Ce développement consistait en une telle amplification de l’effet de la lumière, que le temps de pose ne dépassait pas 30 minutes. Le fixage était obtenu par immersion dans de l’eau saturée de sel marin.

Hippolyte Bayard

En juillet 1839, un autre français Hippolyte Bayard découvrit le moyen d’obtenir des images directement positives sur papier. Un papier recouvert de chlorure d’argent était noirci à la lumière puis exposé dans la chambre obscure après imprégnation dans de l’iodure d’argent. Le temps de pose était de 30 minutes à 2 heures.

Portrait de William Henry Fox Talbot, 1800-1877
Fox Talbot, 1800-1877

William Henry Fox Talbot

Toujours en 1839, l’annonce de l’invention du daguerréotype incita l’anglais William Henry Fox Talbot à reprendre des recherches interrompues, dont les débuts remontaient à 1834. En 1841, il breveta le calotype, premier procédé négatif/positif qui permettait la multiplication d’une même image grâce à l’obtention d’un négatif intermédiaire sur un papier au chlorure d’argent rendu translucide avec de la cire. Comme pour le daguerréotype, l’image latente était ensuite révélée au moyen d’un produit chimique, le révélateur : une solution d’acide gallique et de nitrate d’argent. Une seconde feuille de papier recouverte aussi de chlorure d’argent était ensuite exposée au travers du négatif translucide, pour donner le positif final.

John Herschell

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John Herschell, 1792-1871

On doit à John Herschell d’avoir découvert, en 1839, le moyen de fixer ces images en les immergeant dans un bain d’hyposulfite de soude qui est encore aujourd’hui le composé essentiel des fixateurs photographiques. Les avantages du calotype résidaient principalement dans la facilité de manipulation des épreuves sur papier et la possibilité de reproduction multiple. En revanche, la définition, limitée par la présence des fibres du papier négatif, ne pouvait rivaliser avec le daguerréotype.

Hippolyte Fizeau

Pour abaisser encore le temps de pose on créa alors des objectifs de courtes focales, donc plus lumineux, tout en gardant la netteté sur toute l’image. En 1841, le physicien Fizeau remplaça l’iodure d’argent par le bromure d’argent dont la sensibilité à la lumière est bien supérieure. Il ne suffisait plus alors que de quelques secondes de pose pour obtenir un daguerréotype et il devint possible de faire des portraits.

Abel Niépce de Saint-Victor,remplace le papier par du verre.

Abel Niépce de Saint-Victor

Afin d’améliorer la transparence du négatif du calotype, Abel Niépce de Saint-Victor, petit-cousin de Niépce découvrit en 1847 le moyen de remplacer le papier par du verre. Pour que le bromure d’argent, puisse adhérer au verre, il eut l’idée de le mélanger à de l’albumine (blanc d’œuf). Bien qu’un peu trop contrastées, les images devinrent alors extrêmement précises, obligeant les opticiens à mettre au point des objectifs encore plus performants.

Frederick Scott Archer

Scott Archer

En 1851, l’anglais Scott Archer remplaça albumine par le collodion dont la base est le coton poudre. Les images noir et blanc obtenues par ce procédé atteignirent une qualité encore jamais obtenue. Seuls inconvénients, la prise de vue devait avoir lieu tant que la plaque était humide et le développement être effectué aussitôt après.

Portrait de Richard Maddox, 1816-1902
Richard Maddox, 1816-1902

Richard Maddox et Charles Bennet

En 1871, un autre britannique, Richard Maddox, remédia à ce problème en remplaçant le collodion par de la gélatine, procédure perfectionnée par Charles Bennet qui montra que les plaques gélatinées acquéraient une grande sensibilité lorsqu’on les maintenait pendant plusieurs jours à 32°C. Non seulement les plaques au gélatino-bromure purent alors être stockées avant emploi, mais leur sensibilité fut telle que l’exposition ne pouvait excéder une fraction de seconde.

C’est alors, un peu avant 1880, que commença l’histoire de l’obturateur, car la haute sensibilité des plaques nécessita la conception de mécanismes capables de laisser entrer la lumière dans l’appareil pendant 1/100 et même 1/1000 de seconde. Il fallut évaluer précisément l’intensité de la lumière et le posemètre devint alors un véritable instrument de mesure.

George Eastman, 1854-1932
George Eastman, 1854-1932

Georges Eastman

L’américain Georges Eastman, fondateur de Kodak, concevra, en 1888, l’idée du support souple. Les plaques de verre seront progressivement remplacées par les rouleaux de celluloïd.

La reproduction des couleurs

Il manquait encore à la photographie, la reproduction des couleurs. Les premières tentatives furent à l’initiative d’Edmond Becquerel en 1848, puis de Abel Niépce de Saint-Victor en 1851 qui montrèrent qu’une plaque d’argent recouverte de chlorure d’argent pur reproduisait directement les couleurs, mais de manière instable.

En 1869, Louis Ducos du Hauron réussit, à Agen, la première photographie en couleurs en appliquant le principe démontré par Maxwell de la décomposition de la lumière par les trois couleurs fondamentales, le rouge, le jaune et le bleu. Il réalisa trois photos d’un même sujet, au travers d’un filtre respectivement rouge, bleu et jaune. Il en obtint 3 positifs qu’il colora dans la couleur qui les avait produits. En superposant exactement les trois images, il obtint la restitution des couleurs.

Autoportrait de Gabriel Lippmann
Autoportrait de Gabriel Lippmann

Le physicien Gabriel Lippman reçut le Prix Nobel en 1906, pour avoir découvert en 1891, le moyen d’obtenir des photos directement en couleurs sur une seule plaque, par un procédé interférentiel qui préfigurait déjà l’holographie. Trop complexe, cette invention n’en resta qu’au stade du laboratoire.

Le premier procédé couleur monoplaque pratiquable par les amateurs naquit en 1906. L’autochrome inventé par les frères Lumière reprenait le principe de la synthèse trichrome réalisée cette fois sur une seule plaque par adjonction d’une mosaïque de microfiltres des trois couleurs réalisée au moyen de grains de fécules de pomme de terre.

La découverte du « révélateur chromogène » par R. Fisher dès 1911, offrit à la photographie en couleur une nouvelle direction. On s’était aperçu que certains révélateurs conduisaient à l’obtention d’images teintées d’une couleur, au lieu d’être en noir et blanc.

Les frères Auguste Lumière (1862-1954) et Louis Lumière (1864-1948).
Les frères Auguste Lumière (1862-1954) et Louis Lumière (1864-1948).

Le principe trichrome fut repris par la Société Agfa pour mettre au point en 1936, les pellicules Agfacolor constituées de trois couches superposées sensibles respectivement au bleu, vert et rouge. Un révélateur fut mis au point qui colorait chacune des couches dans la couleur de sa sensibilité. La superposition conduisait à une image en couleur. Là encore la possibilité de reproduire les couleurs provoqua des améliorations en optique, pour transmettre fidèlement les couleurs de l’objet photographié vers la pellicule.

En 1935 deux américains L. Mannès et L. Godowsky améliorèrent le procédé.
Acheté par Kodak, il prit le nom de Kodachrome. Si nos pellicules couleurs actuelles sont très sophistiquées, il n’en demeure pas moins qu’elles font toujours appel au bromure d’argent, à la gélatine ainsi qu’au principe de base de l’Agfacolor et du Kodachrome.

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